Directrice artistique phygitale | Production vidéos 3D dansées en motion capture pour les marques en quête d’un langage visuel émotionnel | +150 projets culturels dirigés | 12 ans d’ingénierie culturelle
Je doute.
Je ne sais pas si je dois persister dans mon projet, quand je vois tous les contenus vidéo générés par IA. 2025 : c’est l’année de la vidéo pour l’IA.
Je ne suis pas sûre que du contenu 3D créé par de vrais artistes intéresse encore qui que ce soit.
Parce que ça coûte cher de payer des personnes, et puis ça prend du temps.
Dans le luxe, beaucoup de marques font déjà appel à des agences spécialisées en contenus IA.
Alors arriver dans ce secteur avec comme angle différenciant l’art, le mouvement humain réel et émotionnel numérisé en 3D… est-ce que ça a encore du sens ?
Est-ce qu’il y a encore un marché, des clients prêts à ça ?
Dans le luxe, paye-t-on réellement des personnes pour fabriquer des sacs d’artisanat ?
Paiera-t-on encore des mannequins pour défiler ou faire des pubs, alors qu’une personne IA, créée sur mesure, qui ne chipote ni sur le salaire, ni sur la tenue, ni sur les conditions, coûte dix fois moins cher ?
J’ai quitté le secteur de la culture pour toutes ces raisons :
– trop peu d’argent, trop dépendant de subventions,
– des métiers passion sous-payés, en sur-demande,
– un secteur qui survit par de la “bidouille” pour répondre aux attentes de l’État.
Parce que la création artistique, la médiation culturelle… c’est presque toujours une commande publique, changeante au gré des politiques.
Alors aujourd’hui, je me demande :
Est-ce que je dois vraiment me battre pour défendre mes valeurs de créativité, d’émotions pures au service de la communication ?
Ou tout lâcher ?
Face à tous ces contenus générés à la chaîne pour plus de visibilité :
– ressentez-vous encore quelque chose ?
– est-ce que ces visuels vous restent en mémoire ?
– ou est-ce seulement le martèlement de l’information qui fonctionne, plutôt que l’émotion pure ?
Je me bats pour que le spectacle vivant soit vu au-delà d’une tournée sur une scène.
Pour qu’il puisse être partagé à travers le monde, par le contenu digital.
Mais est-ce que le digital est forcé de devenir de l’IA dépourvue de cœur et d’émotion ?
Je n’ai pas la réponse.
Je pense qu'à court terme, vous êtes perdante.
Mais à plus long terme, lorsque tous les excités de l'IA finiront par comprendre les immenses problèmes (psychologiques, educationnels, sociaux et boen sûr artistiques) que créera ce techno-délire...
Bibliothécaire scientifique à l’Université de Fribourg – Langues et Littératures | Master of Science HES-SO en Information Science | Master en philologie classique | Parolière / Lyricist / Autorka tekstów
1 month ago
Je vois bientôt plus de posts qui blâment l’IA que de contenus créés avec elle
Ces débats ne sont pas nouveaux.
À chaque époque, un outil créatif a provoqué les mêmes inquiétudes : l'imprimerie, la photographie, le synthétiseur... On pourrait continuer la liste jusqu’à l’invention de l’écriture (Socrate critiquait son usage). Inévitable évolution.
Aujourd’hui, c’est l’IA qui joue ce rôle de bouc émissaire commode.
On oppose « humain » contre « machine », « créatif » contre « génératif » alors qu'il existe de nouvelles voies hybrides qui s'ouvrent.
La vérité, c’est que la culture souffrait déjà bien avant l’IA.
On réduit ses budgets, on fragilise ses institutions...Peut être que le vrai coupable est ailleurs.
Disons que d'ici 2/4 ans les possibilités de l'IA vont encore décupler, donc la question est vite répondue ...
Ne vous en faites pas, vous n'êtes pas le seul corps de métier, y'a un paquet de gens qui vont se retrouver le nez dans l'eau s'ils ne saisissent pas le problème de leur reconversion très rapidement.
C'est triste mais c'est le sens de l'évolution, il y a toujours eu des ruptures qui ont forcés des pans entier des populations à changer de vie (l'arrivée de la voiture, de l'électricité, de la téléphonie, d'internet, du numérique, etc.).